fugues a 25 ans

**Admin** Ven 17 Avr - 21:18

Voilà aujourd’hui 25 ans que Fugues est LE magazine de la communauté gaie au Québec, vingt-cinq ans qu’il guide les gais et les lesbiennes dans leurs sorties, les informe sur l’actualité GLBT d’ici et d’ailleurs, leur propose de réfléchir sur diverses problématiques qui touchent leurs réalités et leur suggère ses découvertes et ses coups de cœur. Un magazine qui atteint vingt-cinq ans, c’est déjà un événement. Un magazine gai qui atteint un quart de siècle, cela est très très rare. La modeste publication en noir et blanc d’une soixantaine de pages, tirée à 8000 exemplaires et lancée à la fin mars 1984, s’est progressivement transformée pour devenir une source incontournable d’informations sur et pour la communauté gaie du Québec.
Nous avons pensé profiter de l'occasion de cet anniversaire pour rencontrer le rédacteur en chef de Fugues et lui poser pour vous quelques questions...

Dans votre éditorial de cette édition anniversaire, vous parlez de 25 ans d’évolution. En 25 ans, qu’est-ce qui a changé ?

Tout ! Il y a 25 ans, les chartes des droits et liberté québécoise et canadienne existaient depuis peu. Les germes de la liberté avaient été plantés, mais les critères d’interdiction des discriminations, elles, n’existaient pas encore. On était loin de la discrimination interdite en regard de l’orientation sexuelle, encore plus loin de la reconnaissance des conjoints de fait de même sexe, et encore plus loin du mariage gai et de l’adoption pour les couples de même sexe.
Au niveau des droits, on était à mille lieux d’où on est maintenant. Même chose pour la visibilité des gais et lesbiennes dans la société québécoise. Presqu’aucune personnalité publique était hors du placard ; chaque fois qu’on parlait d’homosexualité dans les médias, c’était sous l’angle des styles de vie alternatifs, dans le meilleur des cas, quand ce n’était pas comme un style de vie de dépravés. Rappelons nous que l’homosexualité était jusqu’en 1990 considéré comme une maladie mentale par l’Organisation mondiale de la santé. On avait très peu de protections légales même en ce qui concerne l’emploi
Alors oui, tout a changé et FUGUES a été le témoin de ces transformations sociales. Parallèlement à ses changements, FUGUES aussi a changé, a évolué et là je ne parle pas que d’apparence. Du «Guide de nuit pour hommes» qu’il était à ses débuts, FUGUES a élargi ses champs d’intérêts, tout comme les gais de Montréal et est devenu un magazine s’intéressant à une foule de sujets. Au fil des ans, de plus en plus de personnalités publiques s’y sont exprimées, certains ont montré leur appui à certaines des revendications de la communauté, d’autres sont allé jusqu'à y faire leur sortie de placard où y ont expliqué les raisons.

La société a évolué...

Oui. La question de la visibilité n'est plus la même. FUGUES reflète la position des gais dans la société québécoise. Il est né en 1984, à une époque où les gais avaient une visibilité très faible. Désormais les couples de même sexe peuvent se marier et adopter des enfants, de nombreux films ou émission de télévision montre des gais et des lesbiennes en tant que tel. FUGUES reflète forcément cette évolution.

Il n'y a plus besoin de presse militante, alors ?

Si, mais il faut, selon moi, que la militance soit cantonnée à des sujets strictement communautaires. Lutter contre l'homophobie est un combat qu'il faut poursuivre sans cesse, se battre pour la recherche contre le VIH et pour des conditions de vie encore meilleure également. Il convient aujourd’hui de se focaliser sur des combats militants qui font consensus dans la communauté homosexuelle. Bien sûr, on va relater les autres combats mais sans forcément se les approprier comme ce fut le cas par le passé.

Fugues garde encore une image «Village» pour plusieurs ?

Ouais... C'est une image, vous savez. Et c'est vous qui le dites. Mais, il ne faut pas se voiler la face : le magazine est fabriqué à Montréal, dans le Village et est montréalais. Mais quand on regarde les pages les unes après les autres, qu'est-ce qui est strictement Village ou montréalais? Très peu de choses... Nous abordons une quantité incroyable de sujets et d’une manière très variée, et ce, chaque mois. Aussi, il ne faut pas oublier que si FUGUES fascine et plaît, c’est probablement parce qu'il est si prêt de ce que c’est que d’être gai et de le vivre intensément à Montréal et au Québec.

Par rapport aux modes de vie par exemple...

Oui et non... Les modes de vie qui sont dans FUGUES ne sont pas forcément les miens vous savez. Pourtant j'habite Montréal. Il y a beaucoup de gens à Montréal qui ne sont pas du tout dans l'élite gaie, qui ne sont pas des pétards, ou n’ont pas un goût particulièrement développé pour la mode ou le design, ou ne sortent pas tous les jours dans les bars. Cela dit, un magazine comme FUGUES est là pas uniquement pour être pratique et informer, mais aussi pour faire rêver.

Vous allez changer le site Internet aussi...

Oui. Les magazines d'aujourd'hui doivent avancer sur les deux supports : papier et web. Bien qu’en 2002 le site était ce qui se faisait de mieux à l’époque, il faut reconnaître que technologiquement, le site datait depuis deux ans. Il ne peut plus être que le reflet de la version magazine. Notre site deviendra donc, dès le 10 avril, un véritable portail qui viendra compléter l'offre du magazine. Et puis l'Internet proposera aussi de l'actualité au jour le jour, de l'agenda culturel, au clubbing. Au début nous poserons juste les premières pierres, mais il va continuer à évoluer jusqu'à l'été.