Mon Amour...
Si tu ne m'aimais pas, dis-moi, fille insensée, Que balbutiais-tu dans ces fatales nuits? Exerçais-tu ta langue à railler ta pensée? Que voulaient donc ces pleurs, cette gorge oppressée, Ces sanglots et ces cris? Ah! si le plaisir seul t'arrachait ces tendresses, Si ce n'était que lui qu'en triste moment Sur mes lèvres en feu tu couvrais de caresses Comme un unique amant; Si l'esprit et les sens, les baisers et les larmes, Se tiennent par la main de ta bouche à ton coeur, Et s'il te faut ainsi, pour y trouver des charmes, Sur l'autel du plaisir profaner le bonheur: Ah! Mon amour! ah! Mon amour, idole de ma vie, Si le sombre démon de tes nuits d'insomnie Sans ce masque de feu ne saurait faire un pas, Pourquoi l'évoquais-tu, si tu ne m'aimais pas?
Le désir...
Je sais la vanité de tout désir profane. A peine gardons-nous de tes amours défunts, Femme, ce que la fleur qui sur ton sein se fane Y laisse d'âme et de parfums.
Ils n'ont, les plus beaux bras, que des chaînes d'argile, Indolentes autour du col le plus aimé; Avant d'être rompu leur doux cercle fragile Ne s'était pas même fermé.
Mélancolique nuit des chevelures sombres, A quoi bon s'attarder dans ton enivrement, Si, comme dans la mort, nul ne peut sous tes ombres Se plonger éternellement ?
Narines qui gonflez vos ailes de colombe, Avec les longs dédains d'une belle fierté, Pour la dernière fois, à l'odeur de la tombe, Vous aurez déjà palpité.
Lèvres, vivantes fleurs, nobles roses sanglantes, Vous épanouissant lorsque nous vous baisons, Quelques feux de cristal en quelques nuits brûlantes Sèchent vos brèves floraisons.
Où tend le vain effort de deux bouches unies ? Le plus long des baisers trompe notre dessein; Et comment appuyer nos langueurs infinies Sur la fragilité d'un sein ?
A c'elle que j'aime...
Dans ta mémoire immortelle, Comme dans le reposoir D'une divine chapelle, Pour celui qui t'est fidèle, Garde l'amour et l'espoir.
Garde l'amour qui m'enivre, L'amour qui nous fait rêver; Garde l'espoir qui fait vivre; Garde la foi qui délivre, La foi qui nous doit sauver.
L'espoir, c'est de la lumière, L'amour, c'est une liqueur, Et la foi, c'est la prière. Mets ces trésors, ma très chère, Au plus profond de ton coeur...
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